jeudi 23 février 2017

Rebondir avec Billings : Petit voyage dans la vie de Malou et Pinpin

Surprise!!
Notre histoire commence en avril 2005 quand nous apprîmes que nous attendions notre 7ème… Ayant déjà perdu un petit garçon en 2000, nous avions déjà 5 enfants à la maison, dont le dernier seulement âgé de 7 mois… Ce n’était pas prévu… Nous avions pris quelques largesses avec la méthode Billings, dont nous sommes moniteurs depuis 2 ans. La « sanction » est rapidement tombée. ! Passées les émotions et les contrariétés du début, nous acceptions ce petit dernier tombé du Ciel, et j’entamais les 2 premiers mois de grossesse assez sereinement. Nausées et fatigue revinrent allègrement me rappeler les joies des premiers mois. Pourtant, en juin 2005, des pertes de sang s’installèrent et m’inquiétèrent. Après un passage à l’hôpital, je revins rassurée à la maison, mais le doute installé. Nous partions tout de même en vacances.
Complications
Hélas, à Bordeaux, les saignements reprirent, et, pour parfaire le tableau, j’avais des douleurs dans la jambe. Je fus hospitalisée à Bordeaux. Mes enfants et mon mari repartirent à la maison. 2 jours plus tard, on m’autorisait à les rejoindre en train. Mais, dans le train, les complications revinrent, et j’atterris directement à St Vincent de Paul en arrivant à Paris. Au bout de 2 jours, enfin j’eus l’autorisation de rejoindre la demeure familiale en région parisienne, où les enfants passaient leurs vacances dans l’attente de me revoir. Ah, l’angoisse de séparation… Maman, ne me quitte pas… Je me replongeai dans les livres de Bernadette Lemoine pour anticiper les blessures à venir. De fait, le 20 août, je fus de nouveau hospitalisée à St Vincent de Paul, puis transférée à Béclère qui pouvait gérer et mes complications de grossesse et un éventuel grand prématuré. Je fus mis en soins intensifs, en attendant une chambre… J’étais tellement fatiguée qu’il m’était difficile de réaliser la situation. Je déclinai doucement, sans comprendre à quel point la situation empirait. Finalement, au soir du huitième jour, le médecin de garde vint me voir pour déclencher l’accouchement par césarienne (ce sera la 6ème) car mes paramètres vitaux sont assez bas. Pinpin venait de partir ; épuisée, je ne souhaitai même pas le rappeler, mais le médecin insista pour le faire revenir.
Pinpin
Je suis donc appelé par le médecin qui me demande de revenir le plus rapidement possible. Je suis encore sur l’A10, je prends la première sortie et fais immédiatement demi-tour songeant que la situation est critique. En effet, dès mon arrivée, le médecin me dit qu’il faut sortir le bébé car ma femme a fait une grosse hémorragie et qu’elle n’est plus en mesure de supporter une perte de sang supplémentaire.  Il me dit aussi, qu’il peut tout enlever, de cette manière, plus d’enfants à l’avenir. Je lui dit sèchement que ce n’est pas programme et qu’il ne faut rien enlever. Antoine, notre petit, arrive dans la pièce, il n’est pas très vaillant, il s’éteint sous mes yeux, j’ai juste le temps de le baptiser, j’avais toujours de l’eau bénite sur moi, sachant que ce jour pouvait arriver. Ce petit corps, tout chaud quitte déjà la terre et s’en va nous précéder au royaume des cieux, il rejoint son petit frère Pierre parti lui aussi très tôt quelques années auparavant.
Les médecins me disent qu’il vaut mieux que je me repose en rentrant chez moi, ne pouvant rien faire de plus ce soir. Je remonte dans ma voiture le cœur gros, la tête pleine d’émotions, j’attrape mon téléphone portable et appelle tous mes amis pour leur demander de prier toute la nuit avec moi. La nuit passe, elle est courte, je suis séparé de l’être que j’aime, elle doit être dans cette salle froide, loin de moi, mais dans quel état psychologique ? et physique ?
Le lendemain matin, je n’ai pas besoin de réveil, je monte dans ma voiture et file très vite à l’hôpital. Je ne sais pas où aller, je demande à l’accueil, on me demande d’attendre, on va venir me chercher. Les secondes me semblent des minutes, les minutes, des heures. Très vite une infirmière vient me chercher, elle veut discuter avec moi pour me raconter ce qui s’est passé. Elle me dit que lors de la césarienne ma femme avait perdu trop de sang pour pouvoir survivre. Que le professeur avait par défaut suivi le mode opératoire, mais que pour lui ce sang était gâché ! Elle me dit aussitôt que Malou va bien, mais qu’elle ne se l’explique pas. La veille, 3 femmes étaient dans un état déplorable, Malou, et 2 autres mamans. Malou était celle qui avait le pronostique vital le plus bas. Le matin, une des 2 mamans n’avait pas passé la nuit, la deuxième était encore entre la mort et la vie, quant à Malou, elle était dans sa chambre, déjà réveillée. Deo gratias ! Personne n’a compris, comment pouvait elle encore être en vie ? (j’avais bien une petit idée …). L’infirmière nous a demandé si nous voulions voir Antoine. Malou l’a prise une première et dernière fois dans ses bras, puis, nous lui avons dit au revoir. Le médecin nous explique qu’elle a pu replacer tous les organes, que tout est nickel et que si nous le désirions, nous pourrions avoir encore des enfants à l’avenir.
Ma tâche n’était pas terminée, il fallait que je prévienne le reste de la troupe, nos 5 enfants. Comment leur dire sans les choquer. Je devais faire le ravitaillement logistique de ma belle mère qui gardait les enfants. Dans la galerie marchande de l’hyper marché local je vois une vierge avec 2 anges au dessus d’elle illuminée par une led. L’Esprit Saint répond à ma demande. Le soir lors de la prière, je mets la petite statuette en verre et explique aux enfants qu’à côté de Pierre, il a maintenant Antoine. Leurs petits frères bordent maintenant le chemin, un à gauche, l’autre à droite, et maman va bien, elle rentrera demain.
Malou
En effet, je rentrai le lendemain, fatiguée, retournée, mais je devais faire face devant les enfants. Le repos ne serait que de faible durée puisque 5 jours plus tard soir, ma jambe bleue signait les symptômes d’une embolie. Pinpin me ramenait en urgence à l’hôpital.  Et je reprenais les premiers chapitres de Maman ne me quitte pas…
Un mois plus tard nous avons revu le grand professeur de Béclère, ce dernier a essayé de nous vendre le dernier procédé de stérilisation féminin : former un fibrome et boucher ainsi les trompes grâce à une injection de nitrate d’argent. Il fut assez dérouté de notre refus, et désolé de ne pouvoir expérimenter une nouvelle technique sur une femme encore jeune.... Ah, prêter son corps à la science… Nous n’étions pas prêts !
Billings à la rescousse!!
Et ainsi, malgré la formelle contre-indication médicale d’avoir des enfants rapidement, nous avons donc gardé la méthode Billings, mais cette fois nous avons été très vigilant dans l’application des règles. Pendant quelque temps, nous avons même volontairement gardé uniquement la période post-ovulatoire pour nous unir, après la reconnaissance du sommet. En effet, malgré nous, il était hautement imprudent d’envisager une grossesse, et pourtant le désir d’un enfant gardait sa place dans nos cœurs. Nous avons donc agi en conscience et avec prudence. Sans la méthode Billings, nous aurions été fort démunis pour aborder cette période compliquée sans nous détruire plus encore, tant moralement que physiquement. Et aujourd’hui, nous sommes encore plus amoureux…bien plus qu’hier et bien moins que demain !

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